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Jonathan Châtel

Jonathan Châtel

Jonathan Châtel, franco-norvégien. Il travaille dans le monde du théâtre.  » La Norvège est la terre de mon enfance, j’y ai passé tous mes étés et ma grand-mère contait à merveille des légendes peuplées de Trolls et de lutins diaboliques. Mais je crois avoir commencé à vraiment comprendre ce pays lorsque j’y ai vécu, bien plus tard. Sur les brochures touristiques, c’est la patrie des pionniers et des grands espaces, les gens sont blonds, authentiques et respectueux, la nature omniprésente, grisante de beauté. A l’approche de Noël pourtant, il faut du courage pour résister au froid, au paysage uniformément blanc et au manque de lumière. Ils sont nombreux à se noyer dans la mélancolie des fjords. A Oslo, dans le quartier de la gare, on rencontre la misère, des fous traînants leur rêve de grandeur, des toxicomanes à l’affût et des familles d’immigrés sans abris mêlés à la foule des passants ordinaires. Et ces contrastes ressortent d’autant plus sur une toile de fond de neige immaculée. Pierre-Henry Gomont, avec qui j’avais déjà été plusieurs fois là-bas, est venu me rendre visite pour goûter le charme âpre et singulier de la Norvège côté obscur. Un soir, un métaphysicien habitué des comptoirs nous a confié que le fermier norvégien – c’est-à-dire le Père Fondateur de la Nation – aux heures sombres de l’hiver, calfeutré dans sa baraque en bois résistant tant bien que mal au blizzard meurtrier, voyait sa vie défiler devant ses yeux et devenait philosophe un peu malgré lui. Aujourd’hui, quand vous parlez au chauffeur de bus, quand vous trinquez et riez avec vos amis, sur votre lieu de travail ou dans la rue vous surprenez dans les regards un éclat de tristesse loufoque, cet éclair vague de neurasthénie farfelue hérité de génération en génération. Voilà pourquoi cette région du monde et les gens qui y habitent sont pour nous si particuliers. Nous voulions faire un album qui nous ressemble et qui exprime le ressenti que nous avions de la Norvège. Kirkenes est né de cette envie. C’est pour nous une histoire sur l’amitié et l’adolescence, une fable douce amère sur la relation père-fils, un road-trip racontant les illusions perdus, un récit graphique profondément imprégné par l’atmosphère et l’état d’esprit de ce pays.  »

Ouvrages parus aux Enfants Rouges :

Kirkenes