Sourd profond, le petit Bernarreke, qui vit le jour en 1949 en Belgique, vécut 10 ans dans un petit village flamand très catholique. Ce n’est que vers 4 ans, que sa maman découvrit qu’il était sourd, ce qui expliqua le fait qu’il ne parlait pas. La vie de Bernarreke ne fut pas aisée, mais il était volontaire et voulait s’en sortir. Aidé par sa maman, il apprit à lire et à écrire… mais sans parler. Puis, petit à petit, il commença à lire sur les lèvres *, à reconstruire les phrases par suppléance mentale**, à comprendre les autres. Il progressa rapidement pour enfin que les mots éclatent. Bernarreke se mit à parler et à se faire comprendre. Si le thème central de ce roman-graphique est la lutte de l’enfant pour s’inclure dans le monde des entendants, une analyse des vies et mœurs de l’époque jalonnent les pages sous forme de petits chapitres à la fois drôles et graves : l’hypocrisie de l’Église catholique de l’époque, les méthodes éducatives, l’alcoolisme ravageur, les fêtes locales sont soigneusement dépeintes sous les traits de Christophe Girard, qui utilise ici une palette de couleur à l’acrylique. La sexualité chez l’enfant est également abordée, car elle existe, même si elle reste un sujet tabou. Bernarreke lia une relation d’amitié profonde avec un garçon de 4 ans son ainé. Par petites touches, la sexualité naissante de Bernarreke est abordée. Le rapprochement de ces deux êtres, en quête de reconnaissance, qui se parlaient peu, glissa lentement vers un attachement plus intime.Avec un sens aigu de l’autodérision et un style débridé, Bernard Valgaeren raconte dans ce tome 1 « L’enfance » de la vie d’un jeune sourd dans les Flandres des années 50. Tous ces drames sont traités avec un humour (belge) ?
En octobre 1960, il s’installe avec sa maman dans le Var. Dans un monde différent où il lui fallut apprendre le français, une nouvelle vie commençe. Ce sera le sujet du tome 2 à paraître en fin d’année 2016.
« L’adolescence ». «
» Quand « Bernarreke » m’a été confié par Bernard Valgaeren et Nathalie Meulemans, j’ai été séduit par la simplicité, la clarté, la justesse du texte au service d’une belle et forte histoire. J’ai travaillé dans ce même esprit de simplicité directe. Au contraire de toutes les règles du métier, je suis parti dans mes planches sans aucune préparation, aucun story-board. Une liberté jubilatoire se dégage de toutes les cases. Le texte est fractionné de petits chapitres qui m’ont quand même permis d’avoir une vision d’ensemble, coller au texte sans redondance, pour réellement l’illuminer. La liberté graphique se traduit par des alternances entre le réalisme, l’onirisme ou la caricature. Le tout est travaillé à l’encre et à la gouache directement sur la planche. »