Un roman graphique qui retrace, quarante ans plus tard, la genèse et les conséquences du long mai 68 italien, période allant de 1966 à 1973. L’histoire se situe à Milan, où les groupes de la gauche dissidente étaient les plus virulents et où la répression contre ce mouvement fut également la plus dure.
En 1969, c’est à Milan que fut inaugurée ce que l’on a nommé “La stratégie de la tension”. En effet, suite aux grands mouvements ouvriers et étudiants de 68/69, une série de terribles attentats étaient censés terroriser l’opinion publique et favoriser ainsi, un déplacement à droite dans tout le pays. Les jeunes militants qui, au cours des années précédentes et au nom de la démocratie, avaient lutté dans les écoles et les fabriques contre l’autoritarisme, se retrouvèrent à devoir défendre leur propre droit de faire de la politique entre les agressions fascistes et les affrontements avec la police. Le livre – mêlant drame et comédie, reconstruction historique et autobiographique – raconte les assemblées, les manifestations, la musique et les amours de cette période. C’est la chronique d’une époque où un jour pouvait être aussi long qu’une année et une année aussi brève qu’un jour. Il semblait alors que l’avènement d’un monde meilleur était sur le point de se réaliser. Ce ne fut pas le cas, ce n’était qu’un début.
« Le protagoniste se nomme Rinaldo, étudiant en architecture. Il garde l’oeil ouvert de ceux qui savent observer.
Si vous êtes de sa génération, vous découvrirez que vous lui ressemblez beaucoup (« 68 donna beaucoup d’occasions aux timides »).
Si vous avez l’âge de ses petits-enfants, il sera votre guide.
Rinaldo (qui rejoint dans le plaisir de l’aventure le prince Tamino,
Ulysse, la compagnie du magicien d’Oz et Fabrice à Waterloo) découvre la ville qui s’ouvre à lui en cette année magique. Il voit des choses incroyables, des librairies pleines de trésors, des gendarmes sur le toit des maisons, un étrange monsieur qui vend des citrons, des bombes qui explosent dans les banques, des femmes au foyer qui applaudissent depuis les balcons.
Aujourd’hui, le timide Rinaldo se souvient. Et à celles et ceux qui, vivant des choses semblables, ne s’en s’en seraient pas rendu compte, il suggère : « ce furent de belles années pour moi, mais elles furent aussi les plus belles de votre vie ». Elfo a écrit, en images, avec des coupures cinématographiques et des mises en scéne géniales, le grand roman de 1968 auquel beaucoup d’écrivains se sont attelés. Il a utilisé la colle des affiches sur les murs, le Polaroïd et Godard. Il a mélangé le parfum des lacrymogènes et la patchouli. C’est inutile de le préciser : il a fait tout cela avec amour. Et tendresse.
Quarante ans après cette année mythique, nous ne savons pas grand-chose sur Rinaldo. Elfo nous indique seulement que son héros timide s’est marié et qu’il a des enfants.
Mais dès que vous lirez ses aventures, vous découvrirez comment la ville, souvent injuste, hostile ou ennuyeuse, peut soudain se transformer… »