Une petite fille grandit dans le Quartier latin, portée par l’élan de mai 68. Elle adore les chansons populaires et les programmes télé des années 70. Elle va à l’école, s’amuse, s’étonne, rêve, fait tout pareil que la plupart des jeunes Français de sa génération. Le seul hic, ou pas, c’est qu’elle est d’origine chinoise.
» Française, c’est ce que je suis sur ma carte d’identité et ce que je suis devenue corps et âme en naissant à Paris. A l’heure où nous parlons autant de repli identitaire, 68-78 Made in France est née de l’envie de montrer avant tout ce qu’une petite fille aux origines chinoises a partagé de commun avec les Français durant la dernière décennie des Trente Glorieuses. Comment a-t-il été possible que la France pénètre en douceur, voire avec bonheur, dans ses fibres ? Cette parenthèse enchantée a façonné toute une génération et ses rêveries, quels que soient le milieu et les origines. Que la gamine récite que ses ancêtres étaient les Gaulois ou que la famille emprunte la Nationale 7 pour partir en vacances dans le Limousin, le contraste visuel chinois/ français est source d’étonnement, de cocasserie, même si le graphisme suggère subtilement que la petite fille chinoise se fond en toute innocence dans son environnement français. Les parents, eux, travaillent d’arrache-pied. Ils aimeraient que leur fille n’attrape pas trop le virus français bien qu’ils se réjouissent avec une certaine incrédulité de la liberté que leur offre la France. Le dessin de Christel Han souligne avec tendresse les décalages tout en mettant en lumière les rapprochements improbables et le caractère singulièrement hybride de ce qui est vécu par la famille. Combinée au blanc de la page, la colorisation en rouge et bleu, est destinée à évoquer d’une façon subliminale les couleurs du drapeau français.
Ce récit graphique est en partie autobiographique. »
Made in France a été sélectionné pour le Prix Artémisia 2020.
Revue de presse :