En attendant les résultats des tests ADN pratiqués sur le corps de celle qu’il aimait, Jean-Baptiste Chataud se souvient. Vingt ans plus tôt à Marseille. Que faire pour oublier celle qui a disparu, Marie, une de ses étudiantes ? Voir un marabout est sans doute la solution la plus improbable…
La » peste blanche » est le résultat de cette visite : une épidémie d’amnésie collective aux effets surprenants dans cette ville que Chataud associe étroitement à son amour perdu.
Peste blanche touche à l’Histoire, à la littérature, aux sentiments humains et au fantastique. Ce récit graphique peut se prendre à plusieurs niveaux d’interprétation : aussi s’adresse-t-il à tous les publics à partir de l’adolescence. Il pose la problématique de la mémoire collective. Parfois grave, parfois plus amusant, ce livre aux rebondissements imprévisibles se lit passionnément. _ « J’avais depuis longtemps le désir de faire un livre sur Marseille, une des rares villes où j’ai le sentiment que tout peut arriver à chaque coin de rue, le meilleur de préférence. C’est une ville esthétique et contrastée. Je me suis servi de vues du port, des Accoules, mais aussi des quartiers moins pittoresques où se joue une partie de l’intrigue (immeubles des quartiers nord). Marseille est donc bien plus qu’un arrière-plan, c’est un personnage à part entière, que j’essaie de magnifier par un traitement sobre (noir et blanc) qui va à l’essentiel graphiquement. Je voulais aussi faire un livre sur la mémoire à une époque où l’on devient volontiers amnésique : on détruit les vestiges pour construire des parkings bétonnés, on oublie notre identité et l’individu finit par s’y perdre. J’ai traité symboliquement de cette amnésie collective par une épidémie que je mets en relation avec la Peste noire de 1720 qui a frappé Marseille, faisant un mort sur trois habitants à l’époque. J’essaie de montrer que nous sommes menacés par toutes sortes de Pestes, l’amnésie en étant une possible. Je suis parti d’un souvenir personnel : étudiant, j’avais été appelé pour aider un chantier archéologique qui était pressé par les projets immobiliers. Nous étions tombés sur une fosse commune datant de la fameuse peste de 1720 : squelettes enchevêtrés témoignant de l’urgence des sépultures en ces temps de tragédie. J’avais été frappé par le relatif mépris des archéologues plus intéressés par des tessons de vaisselle, bien plus anciens, datant des étrusques, que par les témoins morbides de cette fosse improvisée. J’ai pensé que ce tableau tragique pouvait servir de socle à mon livre, par ailleurs pas forcément déprimant pour autant. Le reste a suivi : le nom d’un héros, Jean-Baptiste Chataud, emprunté à l’Histoire de la peste de 1720 : en vérité le capitaine du Grand Saint Antoine, ne navire qui introduisit l’épidémie dans la ville. Le reste n’est que fiction avec une touche érotique discrète. J’aime bien introduire une dimension fantastique dans mes histoires et avancer ma narration sur le mode symbolique : chacun peut y trouver ce qu’il veut y trouver, je n’impose pas une lecture univoque de l’ouvrage. »
PESTE BLANCHE a été sélectionné pour la 10ème édition du Prix littéraire des lycéens et apprentis 2013, de la région Paca !! Au total, 6 romans et 6 bandes dessinées ont été sélectionnés parmi les ouvrages d’auteurs contemporains parus en France dans le courant de l’année 2012.
Peste blanche a été publié avec le soutien de La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’aide du Conseil Général des Bouches du Rhône.