De retour de la guerre d’Afghanistan, Damien est sous l’emprise d’un terrible souvenir. Les fantômes de sa mémoire hantent son quotidien et l’isolent de sa femme et de son fils. Sa rencontre avec François, le prêtre du village, va lui permettre de se libérer du passé et de renouer avec les siens. Au cœur des Ruines de Tagab, il y a la métamorphose identitaire d’un homme victime de l’horreur. Comment vivre avec soi-même quand le miroir nous renvoie un reflet abject ? Damien ne sait plus qui il est et s’il peut continuer à être. Ce malaise qu’il porte, à la manière d’un virus, menace de se transmettre sous la forme du tabou, à toutes les générations qui le suivent. C’est par l’art et la parole que François conjure le mauvais sort.
En partant combattre en Afghanistan, Damien ne s’attendait pas à ce que ses ennemis soient dans son propre camp. Incapable de venir en aide à son coéquipier Stan, victime de la barbarie de ses camarades et d’empêcher la catastrophe qui en découle, Damien est rongé depuis par la culpabilité. Les Ruines de Tagab met en scène ce traumatisme de manière spectaculaire, le désert que Damien croyait avoir laissé en Afghanistan colonisant progressivement son quotidien et l’isolant de sa famille. L’ancien soldat retrouve espoir grâce à François qui, comme lui, vit à la marge. Prêtre d’un village moribond, maître d’une église désertée, il se porte désespérément au secours d’un homme qui a tourné le dos à la vie. Les Ruines de Tagab c’est aussi l’histoire d’amitié de deux marginaux, la rencontre de deux désespoirs, l’un que la haine de soi a éloigné des hommes et l’autre à qui les hommes ne prête plus aucune foi. Chacun à leur manière, ils incarnent un extrême qui s’accommode mal des remous de l’existence.
Les ruines de Tagab est le deuxième album de Nina Jacqmin après La tristesse de l’éléphant.
Cyril Legrais signe ici sa première bande dessinée.
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